Contexte
Depuis 2016, avec le grand boom des sujets Blockchain, toutes les industries ont tenté de s’essayer à cette technologie. Les Directions des Systèmes d’Information ont construit un, voire plusieurs Proof-Of-Concepts (PoC) technologiques sur des solutions du type Ethereum ou Hyperledger pour dompter un peu le sujet. Les équipes métier sont passées par des phases d’évangélisation & idéation afin de constater de quelle façon cette technologie peut changer leur façon de travailler.
Ce qui est important à prendre en compte, c’est le résultat de ces quatre dernières années de projets, PoC et autres initiatives autour de la Blockchain. On observe qu’une fois le PoC effectué, la majorité des projets se sont éteints d’eux-mêmes comme si la réalisation d’un prototype était une fin en soi.
Cette observation est valide dans toutes les industries et sur toutes les technologies Blockchain existantes. Il nous parait important de ne pas considérer cette situation comme un échec cuisant d’une technologie révolutionnaire.
Hype Technologique


De ce fait, on observe de façon parfaite la concomitance des évènements qui ont permis à la Blockchain de prendre la place qu’elle occupe aujourd’hui.
Comme indiqué de la même manière dans cette étude, la Blockchain est susceptible d’atteindre à ce stade (2016) le plateau de la productivité, à savoir le dernier stade qui pérennise une technologie entre 5 et 10 ans après, soit entre 2021 et 2026.
Ceci nous amène à une autre question importante concernant la Blockchain. Nous avons vu toutes ces industries s’essayer à cette technologie pour divers cas d’usages plus ou moins discutables, mais était-il nécessaire d’aller aussi loin dans la conception sur ces sujets avant même d’avoir qualifié ces différents cas d’usages ?
La réponse est simple : Non !
Beaucoup s’empresseront de dire qu’il faut essayer pour découvrir et que la sérendipité est leur mantra. Nous sommes plutôt en accord avec ça, mais sur des sujets à minima cadrés.
Définir un sujet Blockchain dans sa globalité, en intégrant cette partie non négligeable en termes d’effort mais aussi de réflexion, revient à définir un Business Case et le ROI (Return On Investment) associé avant de démarrer tout projet. Leur utilité est prouvée avant d’aller plus loin. Cependant, c’est rarement appliqué et on en arrive souvent à se demander ce qui s’est passé et comment les budgets ont été dépensés, voire à blâmer la technologie associée pour sa maturité ou encore considérer qu’il s’agit simplement d’un « buzz word ». Comme pour tout autre sujet innovant, on doit procéder dans l’ordre et ne pas profiter de la première opportunité pour coder un bout de Smart Contract.
Blockchain n’est pas qu’une technologie, il s’agit même aux yeux de certains puristes d’une philosophie. En effet, nous ne nous limitons pas ici à un simple sujet d’ancrage et d’immuabilité des données. De la même façon, la désintermédiation est essentielle.
Qualification
Prenons le sujet dans son intégralité et procédons, étape par étape, sur la qualification des cas d’usages identifiés par les différents industriels en répondant aux questions suivantes :
1
Avez-vous besoin d’intégrer dans le processus en question plusieurs personnes morales ? Quand on dit morales, s’agit-il d’entités légales séparés en interaction les unes avec les autres ?
Souvent, à ce niveau de discussion, tous les acteurs qui seront prochainement impliqués dans le sujet devraient être réunis autour de la table. Cependant, cela se passe rarement de cette manière. En effet, avant même d’avoir validé ce point fondamental, les interlocuteurs fuient cette question. Trop souvent, nous avons constaté que des projets s’arrêtent pour la simple raison que les acteurs impliqués ne sont même pas au courant de leur future participation.
2
Est-ce qu’il existe un manque de confiance mutuel entre les acteurs ?
Cette question n’est habituellement même pas prise en compte lors des qualifications des cas d’usage. Or, sans déficit de confiance majeur entre les acteurs du processus, une solution Blockchain est un mauvais choix. D’autres solutions non technologiques mais juridiques supprimeront ces déficits de confiance dans la majorité des cas. Ces solutions sont bien moins chères et plus éprouvées. Leur mise en place est une commodité.
Aujourd’hui, entre les acteurs industriels d’un certain poids, il n’y a pas vraiment de déficit de confiance. Les entités ont toute la panoplie de services légaux qui les protègent sur tous les maillons de la chaine. Les acteurs plus petits n’ont pas toujours cette capacité et une Blockchain partagée avec les grands industriels, sécurisant par exemple le paiement de leurs prestations dans les temps, peut-être une solution.
Cependant, quand il s’agit de réunir un écosystème avec des acteurs qui échappent à certains processus légaux (ex. : contexte international), une solution Blockchain semble nécessaire.
Attention aussi de ne pas confondre la mise en place d’une Blockchain et la digitalisation simple d’un processus existant. Certains processus actuels ne sont même pas digitalisés et leur simple digitalisation permettrait de résoudre les problèmes majeurs sans même passer par la case Blockchain.
3
Existe-t-il, dans l’écosystème en question, un acteur auquel tous les autres acteurs font confiance ?
La confiance est au centre de toutes les considérations sur les sujets Blockchain. Nous touchons, ici, un point très important avec cette nouvelle évaluation: quelle est la power-map de l’écosystème ? Un des acteurs peut représenter un industriel suffisamment clé dans la chaine de valeur au point que, sans lui, ce processus n’existe plus. Cet acteur est souvent le plus puissant dans la power-map en place et détermine, par sa position, le futur des évolutions des interactions. Il représente l’acteur prépondérant par rapport aux autres et nourrit, par son activité, tout l’écosystème.
S’il est considéré comme un acteur de confiance pour les autres et plutôt leader en termes d’éthique, alors il peut se charger d’héberger les données de son côté et les partager avec l’écosystème sans faire intervenir une Blockchain dans le nouveau processus. Mais seulement s’il ne